Un homme rêve qu’il est Napoléon. Le Napoléon des grands voyages militaires et périlleux. Il rêve des steppes gelées de Russie et de grandes aventures en Égypte. Mais tout ça n’est que fantasmes. Son romantisme n’existe que dans sa tête: il a le derrière bien assis dans l’avion, coussin gonflable au cou, Canada Dry à la main, il s’appelle Jean-Philippe Lehoux et il s’est envolé vers… Cayo Coco. On comprend alors qu’il n’est pas du tout adapté pour l’aventure. Il est peureux, chétif, malade, digère mal la bouffe ethnique et se met toujours les pieds dans les plats. Il retrace alors devant nous son parcours de pauvre touriste : on le retrouve dans le bureau d’une mairie bosniaque, il chante du Gilbert Bécaud en Syrie, frôle le naufrage et vit son premier deuil en Norvège, il connaît l’humiliation en Angleterre et le coup de foudre au Japon…
À travers ses souvenirs tantôt ridicules tantôt mélancoliques, il nous révèle sans pudeur et avec beaucoup d’humour sa fragilité, son besoin des autres, son incapacité à charmer la gente féminine et sa crainte de voir le monde se désacraliser devant la bêtise humaine. Il découvre aussi que l’hospitalité et la gentillesse se trouvent partout, même là où on ne les attend pas. Un ami musicien l’accompagne, parce que l’amitié est aussi au cœur de ses récits de voyageur qui ne peut s’empêcher de toujours repartir.
Mélange de stand-up humoristique, de réflexions socio-politiques, de chansons et de confessions parfois impudiques, Napoléon Voyage (où Napoléon est remplacé par un inconnu qui n’a jamais voulu tuer de Prussiens) est un théâtre autobiographique et feel-good tout à fait singulier dans le paysage artistique actuel.
